Apport de substances: Homéopathie


Grimaldi-Bensouda, L., Abenhaim, L., Massol, J., Guillemot, D., Avouac, B., Duru, G., Lert, F., Magnier, A. M., Rossignol, M., Rouillon, F., Begaud, B., EPI3-LA-SER group (2016). Homeopathic medical practice for anxiety and depression in primary care: the EPI3 cohort study. BMC complementary and alternative medicine, 16, 125. doi:10.1186/s12906-016-1104-2

Descriptif :
Les études EPI3 (le lien ci-dessus donnant l’une des plus récente) sont une série d’observations évaluant la consommation de médicaments en fonction d’une approche conventionnelle (usage de psychotropes tels que antidépresseurs et anxiolytiques ou d’antibiotiques), d’une approche mixte (usage de psychotropes ou antibiotiques et d’homéopathie) et d’une approche homéopathique (usage d’homéopathie seule). Plusieurs pathologies ont été évaluées dont notamment les troubles anxio-dépressifs, les troubles musculo-squelettiques et les troubles respiratoires. Les résultats montrent que les patients suivis par une approche mixte et homéopathiques consomment moins de psychotropes après 12 mois de traitement, ce qui représente une diminution de coût à la santé de 30% au regard des patients suivis par une approche conventionnelle.

Si l’intérêt de ces études a été de montrer que les patients consomment moins de médicaments conventionnels au fil du temps lorsqu’ils sont suivis par un médecin ayant une pratique mixte ou homéopathique, elles ne permettent pas de démontrer l’efficacité de l’homéopathie. En effet, l’évaluation de l’efficacité consiste à comparer 3 groupes : le groupe test (celui qui reçoit de l’homéopathie), le groupe placebo (celui qui reçoit un traitement neutre) et le groupe contrôle (celui qui ne reçoit pas de traitement). Évaluer l’efficacité implique également que ni les médecins, ni les patients ne savent si le médicament absorbé contient la substance testée ou un placebo (principe de l’étude dite en “double-aveugle”). Or, les études EPI3 n’ont pas été conçues selon cette méthode en double aveugle ce que relèvent les auteurs de l’étude. Par ailleurs, il n’est pas possible d’imputer à la prescription homéopathique la diminution de médicaments : la personnalité du thérapeute pouvant jouer un rôle, de même que la durée moyenne de consultation. De plus, la diminution de la consommation de médicaments n’implique pas la guérison du trouble. Il serait donc faux d’affirmer que les études EPI3 prouvent l’efficacité de l’homéopathie. Quant à la diminution des coûts, l’étude allemande de Ostermann et coll., publiée en 2017 constate au contraire une augmentation des coûts à long terme.
Enfin, ces études ayant toutes été financées par le laboratoire pharmaceutique français Boiron, leader mondial de l’homéopathie, un risque de conflit d’intérêt n’est pas à exclure. Vous trouverez une lecture critique de ces étude en français en cliquant sur ce lien.


Shaw, D.M. (2012) The Swiss report on homeopathy: a case study of research misconduct Swiss Med Wkly.;142:w13

Descriptif :
Cet article est une réaction au rapport commandé par les autorités suisses (Bornhöft G. & Matthiessen P.F (2011) Homeopathy in Healthcare – Effectiveness, Appropriateness, Safety, Costs Springer Verlag – disponible à cette adresse) afin de justifier la prise en charge de 5 médecines complémentaires, dont l’homéopathie, dans l’assurance maladie obligatoire en Suisse. Il montre que le rapport rédigé par Bornhöft & Matthiessen contient de nombreuses lacunes, voire des erreurs, pour justifier du bien-fondé de la méthode homéopathique : pas d’éléments nouveaux sur les preuves d’efficacité, absence de méta-analyse, discrédit sur la méthodologie actuelle, conflits d’intérêts. Une version française de l’article de Shaw est disponible à cette adresse.