Capsule d’information 07 : Qu’est-ce que l’ésotérisme ?

Les 6 premières capsules d’information avaient pour but de présenter les thérapies complémentaires, réunies sous l’intitulé générique Pratiques Non Conventionnelles (PNC), expression que j’utiliserai désormais. Elles visent à établir un cadre de réflexion sur le vocabulaire associé à ces pratiques, leur classification, leurs bénéfices et risques associés ainsi que le cadre légal en Suisse. Vous pouvez les consulter ici.

Dans ces précédentes capsules, j’avais abordé très rapidement les liens entre PNC et ésotérisme. Je vous propose ici d’approfondir le sujet mais avant de présenter les liens qui les unissent, il faut déjà savoir de quoi on parle.

Comment aborder l’étude de l’ésotérisme ?

L’ésotérisme englobe une telle diversité de documents, de théories et de pratiques qu’il ne peut être réduit à une pensée unique auquel chacun des acteurs adhère à l’unanimité. Il y a des divergences radicales entre les auteurs, des tensions entre les groupes, des conflits entre les membres.

Il en va ainsi comme dans tous les domaines : les médecins, les scientifiques, les experts, les franc-maçons, les motards, les garagistes, les boulangers.

Ne pas tenir compte de cette diversité, c’est considérer que les banquiers sont des voleurs, les assureurs des escrocs, les scientifiques corrompus et les médecins aveugles. Chaque profession a son stéréotype, comme le résume le proverbe “Les cordonniers sont les plus mal chaussés”. Vous trouverez toujours des exemples qui vont dans ce sens, mais ce n’est pas systématique. Derrière les professions il y a le facteur humain, composé de raison et d’émotions.

Si vous pensez que les francs-maçons dirigent le monde en secret, sachez qu’en réalité ils passent plus de temps à se taper dessus entre eux : voyez toutes ces loges qui se sont multipliées avec le temps. Ce n’est pas pour se répandre telle une organisation tentaculaire avec un conseil de chefs suprêmes qui tire toutes les ficelles. Non. Ce sont des guerres intestines qui se déroulent. Et c’est comme ça dans tous les milieux, pas besoin d’aller chez les franc-maçons.

Décrire c’est réduire. L’ésotérisme aux visages multiples peut se décrire avec un vocabulaire et des caractéristiques associées mais sera réduit ici à un panorama général. Il y aura des raccourcis et des simplifications. Je m’en excuse déjà. Ce n’est pas une thèse, ni un article scientifique. D’autant que, nous le verrons, l’ésotérisme repose essentiellement sur l’expérience. La théorie ça aide mais c’est nettement insuffisant. Apprenez le solfège et lisez des partitions : vous n’aurez jamais la musique.

Si vous jetez un regard un peu distant sur l’ésotérisme, vous le verrez présenté comme un résidu de vieilles croyances bizarres, infondées, irrationnelles et dangereuses. C’est ce qui apparaît. Quiconque se lance dans l’étude d’un sujet remarquera la différence entre ce qui apparaît et ce qui est.

On peut s’y lancer tête baissée, à la quête d’un mieux-être, avec le risque d’y laisser quelques plumes. Car oui, l’ésotérisme est dangereux. S’il donne des ailes, ce sont celles d’Icare. S’il promet la richesse, elle n’aura aucune influence sur votre compte en banque. Il a ses pièges et ses dérives, qui seront présentés dans la capsule consacrée aux pièges de l’ésotérisme. On peut aussi s’y lancer avec les outils nécessaires à la navigation, fournis notamment par l’histoire et l’anthropologie religieuse.

Or, dans les discussions actuelles sur les PNC, leur nature, leurs fondements théoriques et leur place dans le système de santé, seul le point de vue biomédical fait autorité. Les domaines de l’anthropologie, de la psychologie, de la philosophie et de la théologie sont absents. Ces quelques capsules seront l’occasion de leur donner la parole et de proposer des pistes de réflexion.

Quelques auteurs vont revenir régulièrement : l’historien Antoine Faivre a écrit le petit livre L’ésotérisme qui me servira de fil rouge. Le livre du même titre du philosophe Pierre A. Riffard donne également de nombreuses références, réflexions et pépites. J’en donnerai quelques-unes.

Je me base également sur deux thèses qui donnent des points de vue sociologiques et historiques intéressants sur l’ésotérisme au XXe siècle. Il s’agit de la thèse en sociologie soutenue en 2017 par Damien Karbovnik, dans laquelle l’auteur présente l’impact qu’a eu la publication du best-seller Le Matin des Magiciens en 1960. Il donne en première partie un panorama pertinent de l’ésotérisme. Léo Bernard a soutenu en 2021 sa thèse en histoire des religions et anthropologie religieuse dans laquelle il décrit le holisme médical durant l’entre-deux guerres et le développement de la médecine naturiste en France. Holisme est à comprendre ici par des activités thérapeutiques et spirituelles alternatives au contexte social dans lequel elles sont exercées.

D’autres ouvrages seront cités et bien entendu des ouvrages dits ésotériques. Les références complètes se trouvent au bas de chaque capsule.

Enfin, il existe au sein de certaines Universités la possibilité d’étudier l’ésotérisme. A l’Université d’Amsterdam aux Pays-Bas vous pouvez suivre une formation sur l’histoire de la philosophie hermétique. En France, à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes (EPHE), vous pouvez suivre le cours Histoire des courants ésotériques dans l’Europe moderne et contemporaine. A l’Université de Lausanne en Suisse, l’ésotérisme constitue un axe thématique de l’Institut d’histoire et anthropologie des religions. J’avais suivi le cours de la Prof. Silvia Mancini Traditions religieuses transversales et marginalisées mais je suis psychologue de formation, donc merci pour votre indulgence car je m’aventure hors de mon domaine principal. Commentaires argumentés bienvenus.

Ésotérisme

Le mot ésotérisme est assez récent. Il apparaît pour la première fois en 1828 dans l’Histoire du gnosticisme de Jacques Matter et dérive de l’adjectif grec Esôterikos. “éso” signifie “au-dedans” et “ter” évoque une frontière. (Faivre, p. 4). Donc littéralement : “qui se tient dedans”, avec cette idée de frontière plus ou moins poreuse entre le dedans et le dehors. Quels échanges entre les deux, c’est ce que l’ésotérisme propose de discuter.

Faivre relève que le mot ésotérisme ne signifie pas grand chose. Tantôt forme de pensée, carrefour entre science, religion et philosophie, il est très difficile d’en établir les contours clairs.

Françoise Champion propose l’expression “nébuleuse mystique-ésotérique” pour montrer la difficulté d’effectuer des travaux d’analyse dans ce domaine. C’est tout le problème : comment prétendre faire l’étude complète d’un sujet nébuleux par nature ?

L’adjectif ésotérique est plus pertinent : Il s’agit de “traquer le subtil” c’est-à-dire chercher les signes et les symboles cachés dans une œuvre, une pratique ou un discours ésotérique. C’est que le caché et le secret vont planer au-dessus de nos têtes tout au long de ces capsules sur l’ésotérisme. J’aborde ce sujet dans la capsule consacrée aux caractéristiques liées à l’ésotérisme.

Occultisme

On attribue à Eliphas Lévi (1810-1875) la création du mot Occultisme. Il en est le représentant principal, compilateur malhabile mais synthétiseur écouté selon les mots de Faivre (p. 87). Ce dernier donne la définition suivante de l’occultisme :

“Ensemble de recherches et de pratiques portant sur des “sciences” telles que l’astrologie, la magie, l’alchimie, la kabbale. “Occultisme” est employé dans deux acceptions : a / Toute pratique portant sur ces “sciences”. Si l’ésotérisme est une forme de pensée, l’occultisme serait plutôt un ensemble de pratiques, ou une forme d’action, qui tiendraient de l’ésotérisme leur légitimité. Aussi “occultisme” est-il parfois synonyme de “ésotérisme” mais “ésotérisme” sert plus généralement aujourd’hui à désigner la forme de pensée dont relèvent ces “sciences”. b / Un courant apparu dans la seconde moitié du XIXe siècle avec Eliphas Lévi et dont l’apogée se situe au tournant du siècle”. (p. 29)

Perçu comme anti-scientifique, l’occultisme ne se résume pourtant pas à un refus de la modernité et des sciences. Faivre poursuit :

“Il serait plutôt un contre-courant dans la mesure où, en face du scientisme triomphant, il se présente comme une solution alternative. Généralement les occultistes ne condamnent pas les progrès scientifiques ou la modernité, qu’ils cherchent plutôt à intégrer dans une vision globale propre à faire apparaître la vacuité du matérialisme. […] Cela posé, il ne s’agit point d’un mouvement homogène, seulement d’un prolongement des sciences occultes d’avant 1860, maintenant confrontées au positivisme matérialiste et liées par affinité au courant symboliste” (p. 88).

Le visage progressiste de l’occultisme c’est Eliphas Lévi qui se consacre aux idées utopistes et humanitaires et qui fut condamné comme révolutionnaire. Dans le sens opposé, l’occultisme a un visage conservateur en refusant les données des sciences classiques, aspect que vous pouvez lire dans la capsule consacrée à l’ésotérisme et la science.

Gnose – Gnosticisme

Ces deux termes sont moins connus mais vous les verrez fréquemment dans les ouvrages ésotériques. Je reprends ici textuellement ce que l’on trouve défini par Faivre (pp. 30-31) car ses définitions sont très complètes :

Gnose : “Activité intellectuelle et spirituelle. […] À la différence de la connaissance scientifique ou “rationnelle” (qu’au demeurant elle n’exclut pas, et utilise) la gnose est un “savoir” totalisant, une saisie des rapports fondamentaux mais les moins apparents ou les moins évidents qui existeraient entre les divers niveaux de réalité, par exemple entre Dieu, l’homme et l’univers”.

Gnosticisme : “Courant religieux apparu à l’intérieur du christianisme des premiers siècles de notre ère (avec Basilide, Valentin, Marcion, etc.). L’une des principales originalités de ce courant est le dualisme ontologique absolu (rejet du monde créé, considéré comme mauvais) professé par nombre de ses représentants et que les gnoses des ésotérismes occidentaux ultérieurs ne retiendront guère – mais qui réapparaîtra plus tard dans des mouvements religieux non spécifiquement ésotériques, comme le bogomilisme bulgare et le catharisme. Le mot “gnose” au singulier (la gnose) est souvent employé comme synonyme de “gnosticisme”, si bien qu’on commet parfois l’erreur d’identifier toute gnose à ce courant particulier”.

Les gnostiques font l’objet de nombreux fantasmes sans trop savoir qui ils sont, quelle est la nature de leur connaissance et quelle est leur influence. Ne cherchez pas la réponse dans un document tenu secret ou un vieux grimoire. Elle réside dans l’expérience individuelle. La question est de savoir comment accéder à ce savoir totalisant. Une voie possible, pas forcément la meilleure, est celle du mysticisme.

Mysticisme

Attitude philosophique ou religieuse fondée davantage sur le sentiment et l’intuition que sur la connaissance rationnelle, et qui a pour objet l’union intime et directe entre l’homme et la divinité. (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL))

On est en plein dans l’expérimentation avec le mysticisme. Pas de traités, pas de théories, pas de raisonnement : on vit l’expérience. C’est une manière directe pour atteindre différents états comme l’extase, l’illumination, la révélation ou l’ataraxie. Elle est parfois maladroite et comporte des risques par l’usage de psychotropes ou de techniques de respiration (hyperventilation).

Par contre, le mysticisme a le mérite d’avoir amené l’étude des états modifiés de conscience : l’état de transe, de méditation, de concentration par des pratiques telles que l’hypnose, les rituels et cérémonies.

Hermétisme

Selon l’Encyclopaedia Universalis (1968), “L’hermétisme se présente comme une révélation issue du dieu égyptien Thot, auquel les Grecs donnèrent le nom d’Hermès. […] Cette doctrine de salut, qui se répandit sous des formes populaires puis savantes, s’étendait à toutes les branches du savoir : astrologie, alchimie, magie, philosophie, théologie.”[…] Qu’elle soit savante ou populaire, la tradition hermétique ne présente aucun système et fait tout reposer sur l’expérience. […]On peut donc y voir un mouvement qui se caractérise par la pratique de toutes les sciences envisagées dans leur réalité la plus essentielle et qui a pour but de modifier l’être en lui permettant d’accéder à des plans de plus en plus élevés. […] Ces lois de sympathie et d’antipathie, que des combinaisons géométriques précisent, sont impossibles à découvrir par l’usage de la seule raison, d’où la nécessité de faire appel à la révélation”.

Cette révélation se trouve dans divers manuscrits, dont 14 traités écrits en grec, provenant de Macédoine, amenés à Florence en Italie et vendus à Cosme de Médicis en 1460 par le moine Leonardo de Pistoia. La traduction en latin est confiée à Marsile Ficin, qui dut pour l’occasion interrompre la traduction de Platon. C’est dire l’importance accordée à ces textes.

Attribués au personnage mythique Hermès Trismégiste (qui signifie “trois fois grand”), ces textes auraient été compilés au Xème siècle par des intellectuels byzantins et remonteraient au IIIème siècle. Ils traitent de magie, d’astrologie, de cosmologie, d’alchimie et de philosophie. Ils sont réunis sous le titre Hermetica, dans lequel on distingue habituellement le Corpus Hermeticum, un ensemble de 17 textes et l’Asclepius, un texte dont l’original grec est perdu (Karbovnik, p. 113).

La citation la plus connue des Hermetica se trouve dans La Table d’Émeraude, un des textes les plus connus de ce corpus :

“Ceci est vrai, sans mensonge, certain, & très véritable : Ce qui est inférieur est comme ce qui est supérieur, et ce qui est supérieur est comme ce qui est inférieur, pour perpétuer les miracles d’une chose unique […]. (cité par Riffard, p. 365).

Ce qui est supérieur, c’est le ciel, les planètes, l’Univers, l’esprit, la gnose, le subtil, l’invisible, le qualitatif. Ce qui est inférieur, c’est la Terre, la matière, les corps, le visible, le concret, le savoir, le quantitatif.

La période de la Renaissance est un contexte favorable car la communication des connaissances dans tout le bassin méditerranéen se développe. Il s’y mêle influences païennes, chrétiennes et juives. (Karbovnik, p.114). Le terme “Renaissance” vient du fait que d’anciens textes grecs ont été découverts à cette époque et traduits en latin. Les Hermetica en font partie.

“Il devient ainsi art de l’écriture et de la parole, science des nombres, science des signes mathématiques et musicaux, science des corps en mouvement et de ses rythmes” (Encyclopaedia Universalis de 1968).

L’hermétisme va nourrir les discussions scientifiques, comme la parapsychologie a nourri la psychologie actuelle. En quelque sorte, c’est le mot savant pour parler d’ésotérisme, mais seulement celui qui s’observe dans nos sociétés d’Europe occidentale. En effet, l’hermétisme ne représente qu’une petite partie des différentes formes que peut prendre l’ésotérisme. Par exemple, du côté du judaïsme, il y a la Kabbale avec le Zohar. Le Soufisme est l’ésotérisme arabe. Le Taoïsme est l’ésotérisme asiatique avec le Tao Te King et le Yi-King comme œuvres majeures. Les Védas et les Upanishad sont les corpus de textes de l’ésotérisme hindou.

Donc, gardez en tête que les éléments que je vais présenter dans ces capsules sont en réalité le reflet de la littérature hermétique mais par simplification, je conserve le terme “ésotérisme” comme ça tout le monde sait, en gros, de quoi il s’agit.

Quelques réflexions personnelles pour conclure

L’ésotérisme c’est le monde de l’imagination, de la créativité, de l’esthétisme, de l’intuition, de l’émotion, de la passion, des pulsions, de la spontanéité, de l’imprévisible, de l’unique… Des choses que nous vivons (je l’espère pour vous!) au quotidien et qui (heureusement!) ne peuvent être réduites à des analyses statistiques sorties des laboratoires. L’ésotérisme, dans ses formes multiples et (mal)adroites, a tenté de fournir des réponses à la sortie de ces laboratoires.

C’est une manière de cartographier l’environnement, un système de représentation symbolique pour le décrire. Il permet de mettre en image ce qui ne se voit pas, à l’aide des contes, légendes, symboles et mythes.

La mythologie qui n’a pour but que de raconter des histoires sur les différentes grandes étapes de vie que nous traversons tous : peur, courage, espoir, amour, dépassement et réalisation de soi etc. C’est la Grande Histoire de l’Humanité, une vaste construction narrative partagée par une collectivité afin de donner forme à la pensée.

Il est une source d’inspiration, un réservoir d’images et d’illustrations dont l’esprit et l’imaginaire occidental sont totalement imprégnés : musique, art, science, cinéma, peinture, jeux-vidéos, littérature, architecture…

L’idée est de réunir les opposés en un tout harmonieux : science et spiritualité, matière et esprit, corps et psyché. C’est la conclusion de l’Histoire de la Magie d’Eliphas Lévi : “Que la religion et la science, réunies dans l’avenir, s’entr’aident donc et s’aiment comme deux soeurs, puisqu’elles ont eu le même berceau !” (p. 560) Un souhait vieux comme le monde, mais toujours d’actualité.

L’ésotérisme c’est comme le théâtre: tout est faux mais c’est criant de vérité. C’est le lieu où le spectateur peut voir le reflet de ses émotions, expérimenter la catharsis et purifier ses pulsions. Le théâtre est lié à l’ésotérisme dans le sens où les institutions religieuses voient d’un mauvais œil les saltimbanques qui s’amusent à créer des scènes de vie. Seul Dieu créé. Vous voulez faire du théâtre ? Très bien : quelles scènes de la Bible allez-vous reproduire ?

Il en va de même pour la musique. On ne chante pas des paroles en l’air, comme on ne prononce pas le nom de Dieu en vain. Créer du son est un acte sacré, il y a des règles. On n’est pas là pour s’amuser et finir la tête dans les toilettes parce qu’on a trop picolé. Donc Black Sabbath c’est mal, il y a trop de tritons (ce Diabolus In Musica) et le Natural Mystic que chante le rastafarisme ne vaut pas mieux, même s’ils disent s’inspirer de La Bible.

De la musique on en fait un style de vie, qui va influencer tous les domaines de notre quotidien. Voyez le Hip-Hop. C’est très large comme courant : il y a le rap, le graffiti, l’habillement, les danses. Et comme dans tous les domaines, il y a des tensions internes. Dans le hip-hop, la East Coast se battra toujours contre la West Coast. C’est un ensemble de pratiques, un phénomène culturel hétérogène. Or, vu de l’extérieur, le hip-hop se résume aux guerres de gangs et le rap c’est toujours la même chose. D’ailleurs, le métal aussi c’est toujours la même chose et l’électro n’en parlons pas. Donc au final, si vous faites de la musique, respectez les tierces, les quintes et faites-le à la gloire de Dieu.

Dans l’art, l’ésotérisme c’est “la patte” de l’artiste, le détail qui fait qu’on le distingue même s’il appartient à un courant bien connu. Il apporte quelque chose de plus, de personnel, d’unique que personne d’autre n’arrive à refaire à l’identique.

En quelque sorte, les occultistes sont les punks de la théologie. Ils veulent démocratiser les religions. Cette connaissance (au sens de gnose que nous avons vu plus haut) est accessible à tous, pas besoin de passer par le catéchisme, séminaire, prêtrise, canonisation. Paracelse en est l’exemple typique, il veut créer une religion mystique sans clergé, sans dogmes et sans rites (Koyré, p.47). Zoroastre condamnait déjà le fait que la religion est l’affaire des aristocrates. Enfin, on trouve parmi les occultistes des prêtres défroqués, voyez Dom Pernety et Eliphas Lévi. Si c’est pas scandaleux ça !

Au final le message que je souhaite passer avec ces quelques lignes est que pour aborder et comprendre le phénomène des PNC, on ne peut faire l’impasse sur l’étude de l’ésotérisme, à l’aide de la philosophie, l’anthropologie, la théologie et la psychologie, domaines absents des débats et surtout des institutions qui prétendent œuvrer pour le développement de la “médecine intégrative”. C’est une invitation à la transdisciplinarité, concept très apprécié à l’écrit, absent à l’usage.

Merci à Franck Agier pour sa relecture attentive.

Prochaine capsule d’information : les signes de l’ésotérisme.

RÉFÉRENCES

Champion Françoise (1989) Les sociologues de la post-modernité religieuse et la nébuleuse mystique ésotérique. Archives de sciences sociales des religions, n° 67/1.

Encyclopaedia Universalis (1968), Villleurbanne.

Faivre Antoine (1993) L’ésotérisme. Paris : P.U.F ; Que sais-je ?.

Karbovnik, Damien (2017) L’ésotérisme grand public : le Réalisme Fantastique et sa réception. Contribution à une sociologie de l’occulture. Université de Montpellier 3 : thèse de doctorat, Sociologie, sous la direction de Renard, Jean-Bruno.

Koyré Alexandre (1933) Paracelse. Revue d’histoire et de philosophie religieuses, 13e année n°1, pp. 46-75.

Lévi Éliphas (2008) Histoire de la magie. Paris : Trédaniel ; Poche. (1ère éd. : 1860)

Riffard Pierre-A. (1990) L’ésotérisme. Paris : Robert Laffont ; Bouquins.